Séances de septembre

L'énergie du mois de septembre est celle du recueillement.

Après l'été, les vacances et les activités de plein air où nous sommes tournés vers l'extérieur, le mois de septembre est le temps de la rentrée. C'est le moment de revenir en soi-même, de retrouver la pratique du Yoga.

Pratyâhâra (le recueillement)

Explorons le Yoga Sutra de Patanjali, l'un des textes fondateurs du Yoga que nous abordons à intervalles réguliers.

Dans ce texte, il est question de Pratyâhâra, généralement traduit par : le retrait des sens. Alors que le Yoga utilise et développe tous les sens, on peut légitimement se demander ce que cela signifie. Habituellement, nous sommes fascinés par ce que nos sens nous donnent à voir à "l'extérieur", autour de nous. Cette fascination se fait au détriment de la vie intérieure en nous focalisant sur l'apparence et en nous détournant de ce que nous ressentons en nous-même.

Il s'agit de retourner ses sens vers l'intérieur, de les ramener à la source. 

Se recueillir, c'est donc se rassembler intérieurement, en unissant tous nos sens pour éclairer ce qui se passe en nous-même : voir, entendre, sentir, goûter et se laisser toucher par ce qui nous habite dans l'instant. En effet, nous ne pouvons ressentir un objet, un son, une vue, une saveur ou une odeur qui n'est pas là !

Vivre pleinement l'instant, c'est s'ouvrir à notre perception intérieure mais aussi à ce qui se passe autour de nous. Loin de s'enfermer en nous-même, nos sens ne demandent qu'à nous ouvrir à toutes les sensations, qu'elles soient intérieures ou extérieures. Nos sens deviennent alors particulièrement précieux puisque ce sont eux qui nous ouvrent la porte de la Présence.

La pratique du Yoga va donc nous y aider en nous donnant à explorer toute une palette de sensations diverses et précises.

Equinoxe d'automne (texte de Michèle Cros, artisane herboriste de beauté)

(...) Moment charnière de l’année, l’équinoxe d’automne annonce la fin du grand cycle annuel des saisons, commencé avec l’hiver, puis le printemps et l’été.

Ce changement de saison peut se vivre comme si l’on achevait un cycle d’existence et que l’on se prépare à amorcer une nouvelle phase, une vie nouvelle, une renaissance.

Dans la lumière douce, chatoyante, je sais que l’été s’en va, je sais qu’il va me falloir dire adieu à la chaleur hospitalière des nuits étoilées, à l’ombre délicieuse des jours brûlants.

Il y a une lune particulière pendant l’automne que les sages Amérindiens appellent « la lune de l’envol des oies sauvages ». Cette grande migration montre à la perfection qu’il est temps de quitter un monde connu pour une terre lointaine.

L’émotion intense que réveillent ces extraordinaires voyageuses est un appel irrésistible à la transgression de mes propres frontières.

L’animal médecine le plus sacré, le Loup, pourra m’aider à aller dans les profondeurs de l’être et au-delà des apparences. On dit aussi que son chant aux aigus d’une intense pureté, « déchire le silence » et fait naître le brouillard, créant ainsi la disparition des formes anciennes, des certitudes…

Nous pouvons apprendre des mystères de cette saison à échapper à ce qui est « écrit d’avance », à trouver dans sa lumière dorée l’espace de liberté qui me ramène à moi, à ma vérité et aux exigences de l’amour.

Je confie au vent d’automne quelques unes de mes limitations douloureuses, le Souffle va gonfler ma voile intérieure, va mettre mon âme au large, va me donner le courage et la joie du retour !

Ô merci l’Automne de me donner l’audace et l’agilité pour ce passage, que je lâche la lourdeur et choisisse de garder comme un trésor précieux la lumière qui a été au cœur de mon âme pendant cette année.


Michèle Cros

Artisane herboriste de beauté

Le geste de Shiva 1 

Shiva est l’un des trois dieux principaux de l’hindouisme. La fonction de Shiva est la destruction. Non pas une destruction “gratuite”, mais la destruction dans le but de la transformation. La destruction, sans laquelle aucune évolution n’est possible. Shiva, c’est ce qui permet à la Vie d’être mouvement.

Shiva peut aussi être dieu de la danse et dieu du Yoga.

Le geste de Shiva participe au redressement du dos et à l’exploration de l’espace, dans l’ouverture. La respiration est lente et profonde, les mains sont actives et repoussent constamment l’espace, en souplesse.

Flexion de la hanche 17

Voici un travail de flexion de la hanche, avec un coussin sous la tête et sous les côtes. Les fesses restent au sol.

Etape 1 : tirer sur la sangle  

Etape 2 : pousser sur le talon

Etape 3 : relâcher sangle et pied

Torsion passive du crocodile 

Tels les crocodiles qui passent d'une rive à l'autre, les torsions du crocodile nous font visiter nos "rives intérieures" : côtés gauche et droit du corps.

Pratiquées ici dans la passivité, elles favorisent une perception fine des ouvertures, des résistances et du souffle qui se déploie.

Pascimatânâsana / pascimottânâsana : deux aspects des flexions avant 25 

Pour bien comprendre la manière d’aborder les postures de flexion en avant, approchons-nous du sanskrit pour comprendre deux postures : pascimatânâsana et pascimottânâsana.

Pascimatânâsana est formée de trois éléments : Pascima - tan - âsana.

Pascima signifie l’Ouest. Ici, il s’agit de l’Ouest du corps, soit la face postérieure allant des talons jusqu’à l’arrière de la tête (en vert sur le dessin). L’Est correspond à l’avant du corps. Arrêtons-nous sur cette symbolique. L’avant du corps est en relation avec le lever du soleil (la salutation au soleil est traditionnellement exécutée face au soleil levant) ; c’est la partie visible de nous-même par laquelle nous nous présentons ; nous sommes la plupart du temps placés à l’avant du corps, tournés vers l’avant.  En revanche, l’Ouest du corps est en relation avec le soleil couchant ; c’est la partie sombre, invisible de nous-même. Nous tournons le dos à ce que nous ne voulons pas voir ou quand nous prenons la fuite.

Tan marque l’étirement, l’allongement.

Âsana est généralement traduit par posture. On retrouve la racine âs dans le français : assise, assiette (terme d’équitation pour une bonne assise). Âsana signifie donc être stable, être fermement établi dans la situation (posture) que nous sommes en train de vivre. Âsana n’est donc pas tant une position gymnique du corps, mais bien plus l’état intérieur de stabilité que le Yoga nous invite à vivre.

Il s’agit donc de laisser s’allonger l’ouest du corps.

Nous vous proposons trois manières de placer les mains sur les pieds : 

En crochetant les orteils,

en coiffant les orteils, majeurs sur la fontaine jaillissante

ou mains sur les côtés, pouces à la base des gros orteils

A vous de trouver le placement juste des mains qui vous permet de garder l’étirement actif de l’arrière du corps, dans l’aisance.


Pascimottânâsana comporte un élément supplémentaire : pascima - ut - tan - âsana

Ut signifie : vers le haut, mais marque aussi l’intensité.

Cette posture étire toujours l’Ouest du corps, mais en y ajoutant une poussée intense vers le haut (voir la flèche rouge). Cet élément change tout dans l’approche de la posture puisqu’il produit un étirement actif dû à une action. En sanskrit, la voyelle finale “a” de pascima et la voyelle initiale “u” de ut se contractent dans la voyelle “o”.

Pour résumer :

Pascimatânâsana est l’allongement de l’ouest du corps, dans le relâchement.


Pascimottânâsana est l’étirement de l’ouest du corps, dans l’action. 

Pratiquer ces deux approches favorisent un travail très profond et libérateur de cette zone souvent porteuse de grandes tensions. Il est intéressant de constater que cette double approche peut s’appliquer à la plupart des postures de flexion avant.

Quelques flexions avant

Les postures de flexion avant nous donne à sentir le contraste entre avant et arrière du corps. Tantôt introspection et recueillement dans l'avant du corps, tantôt ouverture à l'espace par l'arrière du corps. Ces postures réconcilient et unissent ces deux aspects de nous-mêmes.

Plus nous sommes recueillis, plus notre espace intérieur se déploie dans l'ouverture.

Posture de l'angle lié


Posture de la table inversée

Là encore, plutôt que rester confiné à l’intérieur de soi, cette posture nous invite à sentir la poussée du dos vers la terre et la poussée des pieds et des mains vers le ciel. Non pas un effort volontaire et difficile, mais un déploiement dans l’allongement et la libération articulaire. 

Posture de la pince debout

Rudra mudrâ 2

Avant d’expliquer cette mudrâ, voici un rappel : Les mudrâ des mains mettent en mouvement l’énergie spécifique qui habite chaque doigt.

En plaçant le pouce en contact avec un autre doigt, le feu du pouce permet d’activer l’élément correspondant.

Prenons l’exemple de rudra mudrâ

Ici, Le feu du pouce vient activer l’air de l’index et la terre de l’annulaire. Qu’est-ce que ça veut dire ?

Cette mudrâ entre en résonance avec le plexus solaire, siège des émotions. Les émotions (le feu du plexus solaire) sont activées par l’air de l’index. 

Les émotions sont utiles à notre transformation ; être coupé de ses émotions est une impasse. Il est donc important qu'elles nous soient révélées. Par ailleurs, les mouvements émotionnels sont ici atténués par la terre de l’annulaire (la terre diminue le feu) qui active l'enracinement et la force. Rudra mudrâ est aussi très utile pour réguler l’estomac et renforcer la rate et le pancréas.

Si nous avons des difficultés à nous recueillir dans l’instant présent, c’est bien souvent dû aux émotions qui nous traversent. En effet, se laisser emporter par une émotion, c’est littéralement “être hors de soi-même”, donc l’inverse du recueillement.

Rudra mudrâ a donc une fonction régulatrice de notre plan émotionnel et énergétique. Nous pouvons vivre nos émotions sans être submergés par elles. En nous reliant à la terre, cette mudrâ nous stabilise. Elle est utile quand nous pratiquons la méditation et que nous avons des difficultés à être présent, ou que nous sommes confronté à des émotions prégnantes.

Rudra mudrâ favorise le recueillement. 

Cliquez ci-dessus pour pratiquer une méditation avec rudra mudrâ.

Ushas mudrâ 2

Le sceau du point du jour ou le sceau de l'origine. Septembre, c'est le temps de la rentrée, et ushas mudrâ, nous met dans l'énergie d'un départ tout neuf dans une nouvelle année de Yoga ! 

Voici une mudrâ susceptible de nous caler dans l'instant présent. 

Tel un bouquet qui rassemble des fleurs de toutes sortes, cette mudrâ rassemble toutes les énergies de nos doigts. 

Elle favorise le recueillement et nous cale dans le présent.

Uttarabodhi mudrâ 2

Le sceau de la plus haute illumination.

Voici une mudrâ pour se donner de l’énergie. En effet, les index levés vers le ciel agissent comme un paratonnerre qui attire la foudre. En l'occurrence les index captent le prâna qui est ensuite transmis au corps, via les pouces, vers l’estomac, le plexus solaire, le nombril ou le pubis... Tout dépend du placement des pouces devant l’estomac, le plexus solaire, etc... 

Cette mudrâ peut être pratiquée longtemps et à n’importe quel moment. Très utile pour se nourrir intérieurement, se relâcher psychiquement ou encore trouver l’inspiration avant un travail d’écriture, d’enseignement ou de création… Bien se nourrir pour mieux transmettre.

Par ailleurs, l’étirement important entre les pouces et les index stimulent l’énergie des poumons et du gros intestin. Cette mudrâ est donc tout à fait propice en cette période de l’année (fin septembre, début octobre) qui correspond à l’énergie du métal dans la médecine chinoise.


Prânâyâma 1 - Viloma, respirations fractionnées pour amplifier le souffle.

Qu'est-ce que le prânâyâma ? C'est un des aspects majeurs du Yoga, qui vise à se relier consciemment au prâna (l'énergie vitale universelle) en utilisant des pratiques respiratoires. Nous sommes donc loin d'une sorte de gymnastique respiratoire, mais bien dans une pratique sur la prise de conscience du prâna qui relie et soutient l'univers. Nous entamons ici une série de prânâyâma qui vise à aborder cet aspect fondamental du Yoga, d'une manière très progressive. 


Quelques conseils de base.

Tout prânâyâma exige une posture adaptée et confortable, favorisant un bel élancement de la colonne vertébrale et une ouverture du tronc. Vous pouvez commencer par la posture du tailleur, en surélevant le bassin par un coussin pour libérer les hanches.

Garder toujours en tête que c'est l'aisance qui procure l'allongement et l'approfondissement du souffle. Jamais la crispation ou l'excès dans l'effort. Vous ne devez donc jamais être essoufflé.

Respectez la progression proposée. N'abordez la pratique qui suit que vous êtes à l'aise dans la pratique qui précède.


Viloma prânâyâma : la respiration à contre-sens.

Cette respiration fractionnée permet d'amplifier sa capacité respiratoire tout en étant adaptée aux débutants. 

Comme un escalier que vous descendez ou montez, la respiration se fait par paliers. Chaque palier est suivi par un temps de pause d'égale durée. Ce temps de pause est un temps d'immobilité et d'apnée. A vous de trouver le bon rythme, le bon nombre de marches et la bonne durée !

Cette respiration fractionnée a le mérite de bien faire sentir - à chaque palier - la progression de chaque mouvement respiratoire. Tout d'abord dans le périnée et le ventre, puis dans les côtes, enfin dans le haut de la poitrine et du dos.

Pour une meilleure progression, nous vous proposons de respecter l'ordre proposé ci-dessous.

PV : poumons vides     PP : poumons pleins     I : inspiration     E : expiration     P : pause

1. Expiration fractionnée

2. Inspiration fractionnée

3. Respiration fractionnée

Retrouvez tous les prânâyâma sur la page Prânâyâma.

Méditation enregistrée pour revenir en soi-même.

Cliquez ici pour entendre la méditation inspirée du texte ci-dessus. 

Bibliographie