Séances de mars.

L'énergie du mois de mars est celle du nettoyage.

C’est l’époque du carême pour les chrétiens et c’est souvent le temps du grand nettoyage de printemps.

Cela étant, le mois de mars est souvent marqué par une valse-hésitation entre l’hiver et le printemps. L’hivers n’est pas tout à fait fini et le printemps pas tout à fait là. D’où la météo très changeante allant du beau au pluvieux et du froid au chaud.

L’énergie est déjà là, mais comme un ru de campagne encombré à la fin de l’hiver par les feuilles mortes, les branchages et l’humus, c’est le temps de se nettoyer physiquement et psychiquement, pour bien aborder cette transition, favoriser l’émergence d’une belle énergie intérieure et mieux la canaliser. 

La propreté / la clarté (Sauca)

Tournons-nous vers le Yoga Sutra de Patanjali mentionné précédemment (voir septembre, octobre, novembre, mars et juin) : c'est un texte fondateur du Yoga.

Un chapitre parle des observances du Yoga. Ce ne sont pas des principes moraux, mais plus des repères éthique que Patanjali nous invite à expérimenter. Parmi ces repères, se trouve la propreté, la clarté (Sauca).

Lorsque nous mettons en pratique la propreté vis-à-vis de soi et autour de soi, les choses sont plus claires : nous devenons plus lumineux sur les plans corporel, énergétique, psychique, spirituel. La propreté concerne tous les plans et le Yoga insiste beaucoup sur les nettoyages.

Quelques exemples :

Vivre, c'est salissant : nous passons un temps considérable à nettoyer, ranger, rénover, entretenir.

Le Yoga nous invite à faire de même sur le plan intérieur. Etre clair éclaire. Mais c'est à vous de le vérifier par l'expérience.


12 exercices taoïstes 26

Voici une série de douze exercices à pratiquer chaque jour au lever du soleil, face à l'est.

Cette série est très intéressante à pratiquer quotidiennement, à l'aube ou du moins le matin au réveil.

Elle permet un nettoyage, une stimulation, un massage, bref une mise en éveil de tout le corps. Sur les plans mécanique, physiologique, sensoriel et énergétique. Tout un programme !

La pratique régulière de ces douze exercices protège contre les attaques des Kouei (démons) et celles des énergies perverses ; l'esprit reste lucide.


Les cinq tibétains

Cette série de cinq rituels favorise une libération des circuits énergétiques. Très puissante et facile d'accès, elle redonne force, souplesse et vitalité à l'ensemble du corps. Voici un enchaînement que je recommande vivement car il permet de retrouver la forme et de l'entretenir. A condition de le pratiquer tous les jours, comme un rendez-vous quotidien qui devient vite agréable car ses effets sont sensibles.

Vous pouvez pratiquer chaque rituel trois fois, en augmentant le nombre au fur et à mesure de vos possibilités. L'idéal est de faire chaque rituel un même nombre de fois, mais si vous êtes fatigué, arrêtez aussitôt. Soyez attentif à vos limites.

Pratiquer les cinq tibétains sept fois est un bon nombre car il correspond aux sept cackra. Par la suite, vous pourrez finir par pratiquer chaque rituel vingt-et-une fois, ce qui est le nombre idéal.

La vidéo va vous accompagner dans votre pratique en vous donnant tous les détails.


Maha bandha : les trois bandha

La conjonction des trois bandhas permet d'éviter la dispersion et de canaliser puissamment l'énergie prânique. En ligaturant l'énergie à la hauteur du périnée (mûla, la racine), en lui permettant de prendre son envol à la hauteur du diaphragme/plexus solaire (uddiyâna, l'envol), et en contractant la gorge (jalandhara).

Les bandha permettent également de dénouer les tensions internes qui sont autant d'entrave à cette circulation.

Prises simultanément, les trois bandha forment un tout et deviennent maha bandha. 

Mûla, uddiyâna et jalandhara bandha sont réunies ici dans la posture de la citerne.


Une torsion : ardha matsyendrâsana

Les torsions peuvent être considérées sous l'angle de postures de nettoyage.

Par leur action d'essorage, elles procurent un massage intense de tous les organes, ainsi qu'un étirement puissant des fascias. La succession de compression et de relâchement provoque un afflux sanguin et un drainage qui favorise toutes les circulations internes et produit une grande détente.

Posture d'Ardha Matsyendra dans sa version simplifiée

Prânâyâma 7 - bhastrikâ 3

Littéralement, la respiration du soufflet.

Cette respiration accélérée est purement abdominale, elle provoque une hyperventilation et est très régénérante. A pratiquer lentement tout d’abord, pour favoriser un équilibre et une respiration régulière. Vous pouvez accélérer le rythme ensuite, tant que l’aisance est présente.

L’inspiration et l’expiration sont égales par leur durée, leur intensité et leur régularité. Le volume d’air est bien entendu le même. Le bruit émis à l’inspir comme à l’expir est différent mais de même intensité sonore, il peut ressembler au bruit fait quand nous scions du bois.

En fait, ce pranayama est un dialogue entre le ventre et le diaphragme. C’est ce duo qui forme le soufflet utilisé dans Bhastrikâ. En effet, les mouvements du ventre et du diaphragme sont intimement liés et se correspondent dans la respiration naturelle comme dans la respiration Ujjayi. Mais ici, ce dialogue est particulièrement mis en lumière et constitue la clé de ce pranayama.

Avant de commencer bhastrîkâ, nous vous recommandons de lire l'article sur la respiration Ujjayi.

Trois techniques ayurvediques de nettoyage.

L'ayurveda est la médecine traditionnelle indienne. Etymologiquement, Ayurveda signifie "la connaissance de la Vie".

Cette médecine ancestrale et naturelle est souvent basée sur l'élimination des toxines (excès alimentaires, inflammations, polluants…) de manière à réguler les fonctions physiologiques.

Le Yoga et l'ayurveda sont intimement liés. Il n'est donc guère étonnant que l'ayurveda et le yoga proposent de nombreuses techniques de nettoyage similaires, appelées Kriyâ (à ne pas confondre avec le kriyâ yoga qui est un yoga à part entière).

En voici trois :

Le gratte-langue : pour nettoyer la langue en douceur.

Voici le gratte-langue utilisé dans l'ayurveda

Le raclage de la langue se fait à jeun, au réveil. Partez du fond de la langue et racler sa surface (en douceur !) jusqu'à son extrémité. 

Rincer le gratte-langue des résidus et nettoyer au savon pour désinfecter. 

Une fois suffit, mais à faire tous les jours.

Gandouch : le nettoyage de la bouche

Après avoir utilisé le gratte-langue. Une cuillerée à soupe d'huile de sésame à garder dans la bouche de 5 à 15 minutes. Bien mâcher l'huile, puis la recracher. 

Cette technique permet l'assainissement de la bouche et nourrit les gencives.

Jala neti : le nettoyage du nez

Ce nettoyage du nez favorise l'élimination des polluants, pollen et infections situées dans les cavités nasales.

Reconnue depuis quelques temps par la médecine allopathique, cette pratique efficace et tout en douceur, est aussi utile dans la pratique du pranayama.

Pour ce faire, il est nécessaire de se munir d'une lota (en terre ou en plastique), sorte de réservoir muni d'un bec, en forme de lampe d'Aladin. L'eau chaude à 40° et salée (une dosette pour le sel est fournie) passe d'une narine à l'autre : à pratiquer bouche ouverte en respirant par la bouche uniquement.

Se moucher doucement ensuite pour évacuer l'humidité, puis vous pouvez pratiquer kapâla bhâti. Pour éviter l’assèchement des narines, il importe de terminer en humectant chaque narine d’une goutte d’huile de sésame.

Rincer la lota et désinfecter l'embout en le savonnant.

Un kriyâ : Kapâlabhâti 3

Les kriyâs sont des techniques de nettoyage. 

Le kriyâ proposé ici s'appelle Kapâla bhâti, ce qui signifie le polissage du crâne.

L'expiration se fait rapidement dans les côtes (expiration thoracique) ou dans le ventre (expiration abdominale), l'inspiration se fait d'elle-même par le relâchement des côtes ou du ventre. L'air expulsé est senti au bord des narines. La respiration est rythmée, douce, régulière et mobilise d'autant plus Manipûra cakra (le plexus solaire), que la respiration est thoracique.  La technique de Kapâlabhâti est à rapprocher de bhastrikâ car le mode expiratoire est le même. En revanche, l'inspiration dans Kapâlabhâti est silencieuse et détendue.

C'est une respiration purifiante. Il convient de trouver son propre rythme pour être à même de s'installer dans une durée confortable et d'équilibrer la quantité d'air inspirée et expirée. Veillez également à vous relâcher particulièrement dans les yeux.

Pourquoi le polissage du crâne ? Après cette pratique, il est intéressant d'observer les sensations qui apparaissent dans le sommet du crâne et le visage. Cet endroit du corps est comme aéré, léger, ouvert.

Kapâla bhâti désencombre le corps et contribue à l'assouplir. Cette pratique développe l'attention, la mémoire, et réduit l'agitation mentale.

Karana mudrâ

Le sceau de l'action purificatrice.  Cette mudrâ a une action détoxifiante et purifiante, à rapprocher d'apâna  vâyu mudrâ. Elle favorise le lâcher-prise et chasse les pensées négatives. C'est une mudrâ importante dans le bouddhisme où elle est réputée chasser les démons.


Matangi mudrâ 2

Mudrâ de l'harmonie intérieure. Matangi (La Pensée) est l'une des dix déesses hindoues de grande sagesse. Sa peau est souvent de couleur bleue ou verte. C'est la divinité de l'harmonie intérieure. Elle a le pouvoir de pénétrer la pensée, d'être en relation avec le chant, la mélodie et l'écoute.

Cette mudra apaise le cœur, régule tous les organes de la digestion : estomac, foie, rate, pancréas, intestins et reins, relâche la mâchoire.  Elle apaise également la zone du plexus solaire et y libère la respiration.

Tous les doigts sont repliés, hormis les majeurs qui pointent vers le ciel, nous reliant ainsi à l'éther (voir méditation avec l'énergie du majeur). Détail à prendre en compte : pour les femmes, c'est le pouce gauche qui est près du cœur, pour les hommes, c'est le pouce droit.


Anjali mudrâ 2

La main gauche symbolise l'énergie lunaire.
La main droite symbolise l'énergie solaire.

L'union des deux mains symbolise la pacification en nous des contraires, des oppositions, des contradictions ; exprimés ici par l'opposition des deux mains qui s'unisse à la hauteur du cœur. Plus précisément encore par la zone située au milieu de chaque paume, là où il n'y a pas de contact entre les deux mains. Cette zone est discrète, il n'est pas aisé de la percevoir et invisible, comme cachée au cœur de nous-même.

Cette pacification des contraires nous ramène à l'unité, vécue ici par l'absence de contact au cœur des deux paumes, donc par l'absence de tension et d'opposition. 

Cette pacification se vit dans l'instant. 

Quand nous saluons par cette mudra, nous saluons à partir de cette Paix en nous, la même Paix qui est en l'autre. C'est dans cette Paix que nous nous rejoignons.


Méditation avec l’énergie du pouce 2

Poursuivons notre exploration des doigts comme nous l’avons commencé en septembre, le pouce est porté par l’énergie du feu. Le plexus solaire lui est également associé. Le pouce, porteur du feu, a une fonction particulière car c’est lui qui est responsable de la stimulation des autres éléments. Il nourrit ou absorbe l’énergie en question et permet ainsi sa juste régulation. Le feu et l’air étant intimement liés, il n’est guère surprenant que le pouce corresponde au méridien des poumons, porteur de tristesse et de courage.

L’automne s’accompagne souvent de mélancolie et de vague à l’âme, voire d’isolement. Le corps se replie et la respiration s’amenuise. Le désir de figer les choses et le refus de tout changement nous condamnent à la frilosité, et nous prive de ce courage qui permet de “faire face”. La plupart des soucis viennent du fait qu’on ne contrôle pas une situation ou une personne. Croire qu’on puisse le faire est une illusion. De la même manière que la peur n’éloigne pas le danger, se faire du souci ne résout pas le problème. 

Outre l'automne, mars est un moment propice pour cette pratique qui va nous aider à moins ruminer nos soucis. Cette aide se prolongera tout naturellement par un meilleur enracinement dans le présent. 

Photo n°1 

Photo n°2

Prithvi mudrâ

La posture de l'iceberg

En un temps reculé, indéfini, je faisais partie d'un tout. Rien ne laissait présager la rupture à venir. 

D'un tout immensément lumineux, blanc, vierge et rassurant je suis devenu bloc. 

D'un tout, formellement uni, étincelant, inaccessible et silencieux, je suis devenu part flottante.

J'ai quitté ma mère, la banquise.

Pour m'offrir à la lumière du monde.

Pour apprendre l'exil.

Pour me heurter aux joies de l'horizon.

Pour découvrir, Ce que je suis.

Goûter aux vagues, gémir aux vents, me justifier puis oublier.

Pour vivre le manque, l'appel du large.

Vivre l'oubli et pressentir 

Qu'en un temps, indéfini, je serai à nouveau,

Ce que je suis.

 

Anne Rainer

Fions-nous à la vie de notre corps

Fions-nous à la vie de notre corps.

 

Laissons-nous respirer.

 

Quel que soit l'état de notre corps, laissons-nous respirer. Tout petit s’il faut. Laissons le souffle être à l’œuvre de la vie dans chacune de nos cellules.

 

Même tout petit, suivons attentivement son voyage.

Il soulève notre peau, crée de l'espace, des franchissements et des brèches, éveille en les touchant chacun de nos espaces du dedans. Sentons comme tout s'allume à son passage, devient vivant.

 

Laissons-le nous parcourir, apprivoiser nos douleurs, susciter des dénouements au cœur de nos impasses, réanimer nos renoncements. Laissons-le nous désincarcérer, nous relever de nos décombres, nous apprendre comme nous sommes vastes et vivants.

 

Laissons-le nous ouvrir l’infini paysage du dedans de nos limites, de nos amputations, de nos blessures.

Laissons-le nous montrer que c’est possible d'habiter là.

 

D'y vivre. 


"un cœur sans rempart" de Marie-Laure Choplin. Petite bibliothèque de Spiritualité, Editions Labor et fides




Une méditation sur la colère

La colère peut parfois être salutaire, mais elle est souvent polluante comme la plupart des émotions négatives. La frustration, le ressentiment sont souvent à la source d'une colère. La méditation proposée ici vise à se libérer de la colère et à favoriser sa dissolution. Rien de magique pourtant car cette pratique propose un entraînement face aux émotions envahissantes, en se tournant vers les sensations plutôt que le mental. Nous voici de nouveau dans un exercice de nettoyage intérieur.

Musti mudrâ 2
Cette mudrâ de la force favorise la libération de la colère, des frustrations, des refoulements et des ressentiments. Des émotions négatives en général, en particulier de la peur. Par voie de conséquence, elle a également un effet bénéfique sur toutes les compensations physiques accumulées dans le corps, notamment le foie et l'estomac, la digestion, la tension artérielle et la léthargie.

Garuda mudrâ 2
Cette mudrâ de l’éveil est du Dieu Garuda, l'aigle mystique, l'homme oiseau souvent représenté avec des ailes rouges et qui est relié aux énergies solaires. C'est la monture que chevauche le dieu Visnu – celui qui maintient - qui aide l’humanité à combattre ses démons.
Cette mudrâ aide à se relier à sa liberté intérieure.
Elle active l'irrigation et la circulation sanguine, vivifie les organes et équilibre les énergies des deux côtés du corps. si vous avez de l'hypertension artérielle, soyez prudent et pratiquez modérément cette mudrâ puissante.
Garuda mudrâ aide également à aiguiser son regard intérieur pour mieux distinguer l'essentiel de ce qui ne l'est pas.

Musti mudrâ 2

Garuda mudrâ 2

Bibliographie